Connaître l’évolution du climat à Paris et ses conséquences
Comment le climat a-t-il évolué depuis la fin du 19ᵉ siècle, et à quoi faut-il s'attendre pour le siècle actuel ? On fait le point !
À Paris, les effets du changement climatique sont déjà bien visibles, la température y a plus augmenté qu’en moyenne dans le monde et même en France. Elles devraient continuer à grimper, à un rythme qui dépendra des émissions globales de gaz à effet de serre, engendrant plusieurs risques face auxquels il faudra s’adapter.
À Paris, c’est la station Montsouris, installée dans le parc du même nom, qui se charge de la collecte et de l’analyse des données. Depuis 1872, différents paramètres météorologiques sont mesurés : température, précipitations, humidité, pression atmosphérique, vent, rayonnement et durée d’ensoleillement.
Une augmentation de 2,3 °C depuis la fin du 19ᵉ siècle
La dernière décennie (2010-2019) était plus chaude de 1,1 °C que la fin du 19ᵉ siècle (1850-1900), atteignant des niveaux jamais vus depuis au moins 125 000 ans, d’après le 6e rapport d’évaluation du GIEC.
Ce réchauffement n’est pas uniforme : il est ainsi plus marqué sur les continents que sur les océans, et encore davantage sur les pôles.
À Paris, l’amplitude de variation de la température est plus forte qu’au niveau mondial. Le réchauffement observé à la station Paris-Montsouris est de 2,3 °C entre les périodes 1873-1902 et 2000-2019, avec une accélération notable à compter de la deuxième moitié du XXe siècle. Le nombre moyen de journées caniculaires (température maximale supérieure à 30 °C) est de 13,6 jours dans le climat actuel (2001-2020), contre 7,2. On constate environ 5 nuits tropicales par an en moyenne (température minimale supérieure à 20 °C) alors qu’elles étaient très rares (0,2 par an) à la fin du 19ᵉ siècle.
Le saviez-vous ?
5 / an
On constate environ 5 nuits tropicales par an en moyenne (température minimale supérieure à 20 °C) alors qu’elles étaient très rares (0,2 par an) à la fin du 19ᵉ siècle.
L’effet d’îlot de chaleur urbain : un microclimat parisien
Le réchauffement climatique est aggravé à Paris en raison de son urbanisme. Avec son tissu urbain très dense, la ville de Paris influe sur son environnement météorologique en générant un microclimat urbain appelé « îlot de chaleur urbain ». Il se traduit par des différences de températures de l’ordre de 2,5 °C en moyenne annuelle entre Paris et les zones rurales voisines (comme le Vexin ou les forêts de Rambouillet et Fontainebleau).
À savoir
10 °C
Ce phénomène est le plus marqué pendant la nuit, et on a déjà observé ponctuellement des différences supérieures à 10 °C entre Paris et une ville comme Melun.
Les conditions anticycloniques, par vent faible et ciel clair, lui sont les plus propices, il est donc particulièrement fort en été, et il renforce la vulnérabilité de Paris face aux fortes chaleurs, en empêchant la ville et ses habitants de se rafraîchir la nuit.
Comment le climat parisien va-t-il évoluer au cours du 21ᵉ siècle ?
L’élévation des températures devrait se poursuivre au cours du 21ᵉ siècle, dans des proportions qui dépendront des futures émissions de gaz à effet de serre. À long terme, les écarts entre les différents scénarios d’émissions sont importants. L’étude « Paris face aux changements climatiques » (Ville de Paris, 2021) prévoit un réchauffement d’environ 3,8 °C pour la fin de siècle (par rapport à la fin du 19ᵉ) dans un scénario intermédiaire, alors qu’un scénario fortement émetteur en gaz à effet de serre pourrait conduire à une augmentation des températures de plus de 6 °C. Seule une trajectoire de faibles émissions permet de stabiliser l’évolution des températures.
Évolution des températures moyennes à Paris dans un scénario d’émissions intermédiaire (extrait de la synthèse de l’étude « Paris face aux changements climatiques » / Ville de Paris, 2021)
Ce réchauffement se traduira bien-sûr par des étés de plus en plus chauds. Dans un scénario intermédiaire, le nombre annuel de jours caniculaires passerait à 22 en 2050 et 34 à la fin du siècle, alors que le nombre de nuits tropicales serait quadruplé d’ici 2050 (20 nuits et demie en moyenne par an) et par sept à la fin du siècle atteignant 35 par an.
À savoir
50 °C
Une canicule semblable à celle de 2003, la plus intense et la plus sévère jamais enregistrée à Paris, pourrait se produire plus fréquemment à partir de 2030. Et à l’avenir, Paris pourrait découvrir des pics de chaleurs à 50 °C inconnus jusqu’alors.
Et en plus d’être plus fréquentes et intenses, les vagues de chaleur se produiront plus précocement et plus tardivement, parfois dès le moi de mai et jusqu’en octobre, comme le montre le graphique ci-dessous.
Extrait de la brochure « Changement climatique et adaptation sur le périmètre de la Métropole du Grand Paris » réalisée avec Météo-France
Brochure « Changement climatique et adaptation sur le périmètre de la Métropole du Grand Paris »
Brochures et bulletins climatiques
L’Agence Parisienne du Climat et Météo-France ont réalisé une brochure sur les conséquences du changement climatique sur le périmètre de…
En ce qui concerne les précipitations, les incertitudes des modèles sont plus grandes sur le cumul annuel, mais ils convergent vers une augmentation des pluies hivernales, et les épisodes pluvieux devraient être plus rares mais plus intenses, augmentant le risque d’inondations.
À savoir
10%
Le risque de sécheresse devrait également augmenter, notamment en raison de la hausse de l’évaporation induite par l’augmentation de la température. Les sols seraient ainsi 10 % plus secs en été en 2050.
Quels sont les principaux risques associés au changement climatique à Paris ?
Les fortes chaleurs
Les canicules présentent d’ores et déjà un enjeu sanitaire important à Paris, qui a connu plus d’un millier de décès lors de l’épisode de 2003, suite auquel le Plan Canicule a été mis en place. En raison du phénomène d’îlot de chaleur urbain, les canicules y sont plus dangereuses qu’ailleurs, une récente étude estime d’ailleurs qu’il s’agit de la capitale européenne où le risque de surmortalité est le plus important en cas de canicule extrême.
Un risque face auquel sous ne sommes pas tous égaux : les personnes âgées ou en mauvaise santé, les jeunes enfants, les personnes précarisées ou isolés, les habitants des bouilloires thermiques, ou certains travailleurs sont particulièrement vulnérables.
Mais les fortes chaleurs font aussi peser un risque pour le réseau électrique, qui pourrait subir des coupures de courant en été, à cause d’une augmentation de la demande liée à une probable augmentation de la climatisation et des défaillances techniques liées à une faible capacité des boîtiers de jonction à supporter la chaleur. Cela pourrait priver d’électricité de nombreux utilisateurs, aggravant encore le risque de surmortalité.
Les inondations
Paris est soumise à deux principaux facteurs d’inondations :
le ruissellement des eaux pluviales, lors de pluies torrentielles, particulièrement à Paris où la majorité des surfaces sont imperméables. Ces inondations se produisent très rapidement et sont difficiles à anticiper, donc particulièrement dangereuses ;
les crues de la Seine, à la suite de pluies abondantes et continues qui font sortir le fleuve de son lit. Le risque de crues centennales (qui a une chance sur 100 de se produire chaque année), comme celle de 1910, augmenterait de 40 % à cause du changement climatique d’après l’étude de la Ville de Paris.
De graves inondations engendreraient des dégâts matériels colossaux et entraîner une désorganisation des systèmes de la ville à touchant des lieux stratégiques pour la gouvernance, la sécurité, le fonctionnement des transports ou l’approvisionnement en énergie.
Par exemple, en cas de crue de type 1910, il pourrait être impossible de traverser Paris autrement que par le périphérique, et sans mesures préventives les dommages directs atteindraient entre 3 et 30 milliards d’euros d’après l’OCDE.
La raréfaction de la ressource en eau
La Ville de Paris estime dans son étude qu’au-delà de 2050 la ressource en eau pourrait être sous-tension, de raison de :
la diminution de la ressource disponible, avec une baisse des débits d’étiage des cours d’eau de 10 à 30 % et une baisse de la recharge des nappes de 10 % pour la dernière partie du siècle, une augmentation de plus de 20 % de l’évaporation de la Seine d’ici à la fin du siècle, dont l’augmentation de la température dégraderait la qualité de son eau ;
l’augmentation des besoins en eau estimée à 2 % par an à partir de 2030, notamment en raison de la consommation accrue par les végétaux, ce que soient les espaces verts ou l’agriculture, lorsqu’il fait plus chaud.
Un enjeu important au vu des nombreux usages qui reposent sur l’eau : hydratation, usage sanitaire, entretien des égouts et des espaces publics, irrigation des espaces verts et de l’agriculture, navigation fluviale, réseaux de chaleur et de froid, écosystèmes…