Série technique – Episode #5 : Concevoir un projet de végétalisation
Ce 5e épisode de la Série technique porte sur la conception des projets de végétalisation. Il fait référence au "Cahier des charges pour la conception d’un projet de désimperméabilisation / végétalisation en copropriété" qui a été présenté aux professionnel·les de la rénovation en juillet 2023.
Vous souhaitez mener un projet de végétalisation en copropriété ? Découvrez dans cet article les étapes clés de conception des projets de végétalisation :
- Contextualisation par la copropriété ;
- Phase de diagnostic ;
- Phase de conception.
Le rôle de la copropriété dans la conception du projet : contextualiser !
En premier lieu, la copropriété doit fournir un maximum d’éléments de contexte à l’entreprise qu’elle missionne pour concevoir son projet, et faire part de ses envies/motivations.
En effet, la présentation de la copropriété et de ses espaces extérieurs permet à l’entreprise de comprendre dans quel espace elle interviendra et d’appréhender au mieux les éventuelles contraintes auxquelles elle devra faire face. De plus, la copropriété explicite ses attentes à l’entreprise via le « Cahier des charges pour la conception d’un projet de désimperméabilisation/végétalisation ».
Pour cela, la copropriété peut fournir :
- Des photos et des plans des espaces concernés par le projet en mentionnant notamment les objectifs du projet et les usages envisagés (l’exemple ci-dessous évoque le besoin d’intégrer un abri vélo ainsi que des cache-poubelles) ;
- Des éléments concernant le sous-sol en cas de désimperméabilisation de la cour ;
- Tout élément technique concernant la structure du bâtiment notamment en cas de végétalisation d’une dalle ou d’une toiture.
Plans existants de la cour réalisés par les copropriétaires avec mention des éléments désirés par la copropriété.
Lorsque la copropriété a fourni l’ensemble des éléments de contexte et de motivation du projet, l’entreprise sollicitée peut alors se lancer dans une phase de diagnostic qui permettra notamment d’évaluer la faisabilité technique du projet et la compatibilité avec les attentes de la copropriété.
La phase de diagnostic : comprendre les contraintes pour proposer une solution adaptée
Déterminer la faisabilité technique du projet
Une première visite de site permet de compléter les éléments fournis par la copropriété et de déterminer si des études préalables seront nécessaires pour connaître la faisabilité technique du projet.
Dans l’exemple ci-dessous, la visite permet de conclure que dans ce cas de cour avec des caves en sous-sol, il faudra étancher la végétalisation. Cependant, pour déterminer la hauteur de substrat qu’il sera possible de mettre et quelle étanchéité sera la plus pertinente, une étude préalable devra être menée par une entreprise tierce.
Exemple d’une visite de site dans le 10e arrondissement : plans du sous-sol ainsi que du rez-de-chaussée schématisant l’évacuation des eaux pluviales (en haut) et plan de la cour avec recommandations de végétalisation en fonction du sens de ruissellement des eaux pluviales (en bas).
Le Cahier des charges répertorie quelques études préalables qu’il peut être nécessaire de réaliser en complément de la visite de site. En voici quelques exemples :
- Sondages en cas de cour sur dalle ou au-dessus d’un sous-sol pour déterminer ce qu’il y a entre la cour et la dalle ;
- Diagnostic structure pour calculer la capacité portante d’une dalle ou d’une toiture terrasse ;
- Etude de perméabilité (test type Porchet ou Matsuo) pour connaître la capacité d’infiltration d’un sol ;
- Etudes liées à des risques géotechniques (remblais de mauvaise qualité ou bien sensibilité du gypse) ;
- Relevés topographiques et réseaux pour déterminer comment les eaux pluviales sont évacuées et quels changements sont à prévoir pour les gérer à la parcelle ;
- Vérification de l’étanchéité en cas de dalle ou de toiture terrasse
- Vérification de la sécurité et de l’accessibilité de la toiture terrasse
Pour les espaces en cour d’immeuble où l’on retrouve de la pleine terre et un sous-sol disponible, il est possible de réaliser des tests afin de vérifier la perméabilité du sol, s’il est pollué ou non, etc. Il est aussi parfois nécessaire de vérifier le risque géotechnique de la zone, notamment en présence de remblais ou de gypse qui sont des contraintes importantes pouvant être un frein à l’infiltration de l’eau.
Pour les espaces en cour d’immeuble sur dalle ou bien pour les toitures, les deux paramètres les plus fréquemment vérifiés sont la capacité portante de la dalle/toiture, ainsi que leur étanchéité. En effet, sur ce type d’espace ce n’est pas l’infiltration de l’eau qui est privilégiée mais son évapotranspiration. Cependant, il est nécessaire d’être conscient·e de ce que peut porter la structure avant de choisir le type de végétalisation qu’elle sera amenée à supporter.
Autres éléments à étudier
La phase de diagnostic permet d’étudier les contraintes techniques mais également les questions qui se posent d’un point de vue urbanistique et patrimonial, notamment dans le cas des projets qui touchent aux bâtiments en eux-mêmes.
La phase de conception : réfléchir à un projet répondant aux exigences de la copropriété ainsi qu’aux contraintes de l’espace choisi
Cette partie de l’article est illustrée avec le 1er projet CoprOasis voté dans le 12e arrondissement de Paris, conçu par l’entreprise Horus Paysages.
Les esquisses : une première image du projet
La réalisation d’esquisses par l’entreprise permet de créer un premier aperçu de ce à quoi ressemblera le projet. Une esquisse prend en compte les contraintes étudiées dans la phase diagnostic ainsi que les envies de la copropriété.
On y retrouve les grandes lignes du projet ainsi que les intentions des différents espaces.
Grâce aux esquisses, la copropriété peut se projeter et valider les idées proposées par l’entreprise.
Esquisses réalisées par Horus Paysages pour un projet de végétalisation en cour d’immeuble dans le 12e arrondissement de Paris © Horus Paysages
Les études de projet : un ensemble de livrables permettant de décrire le projet
Les études de projet sont décrites dans le Cahier des charges par un ensemble d’éléments techniques paysagers qui viennent préciser l’aspect des espaces par rapport aux esquisses précédemment citées. Ces derniers sont regroupés dans un ensemble de livrables que la copropriété commande à l’entreprise via le Cahier des charges :
Livrable | Données clefs |
COURS D’IMMEUBLE | |
Plan de masse et coupes |
Croquis en plan et en coupe visant à faire comprendre les intentions précises du projet :
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Plan de plantation |
Dessin en plan permettant de sectoriser les différentes plantes prévues dans le projet, en précisant les espèces concernées.
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Palette végétale
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Liste des végétaux utilisés à partir du plan de plantation.
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Plan des revêtements |
Croquis en plan visant à qualifier les sols dans le projet. Il mentionne notamment le caractère perméable ou imperméable des revêtements.
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Calcul de la lame d’eau abattue par l’espace libre après réalisation du projet |
Cela correspond à la quantité d’eaux pluviales qui n’est pas redistribuée au réseau d’assainissement et qui est valorisée directement là où elle tombe.
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TOITURES TERRASSES | |
Plan de masse |
Croquis en plan visant à faire comprendre les intentions précises du projet :
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Plan de plantation |
Dessin en plan permettant de sectoriser les différentes plantes prévues dans le projet, en précisant les espèces concernées. |
Palette végétale
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Liste des végétaux utilisés à partir du plan de plantation.
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Coupe de la toiture terrasse végétalisée |
Représentation en coupe du complexe isolation/étanchéité/couche drainante/couche filtrante/support de culture/végétalisation avec mention de la hauteur de substrat.
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Tableau répertoriant les éléments techniques paysagers que doit fournir une entreprise dans le cadre de la conception d’un projet de désimperméabilisation/végétalisation en copropriété issu du Cahier des charges © Agence Parisienne du Climat
Selon le type d’espace considéré par le projet et donc le type de végétalisation souhaité, différentes données clefs seront mentionnées dans les plans conçus par l’entreprise. Par exemple, dans le cas d’une cour d’immeuble en pleine terre, la perméabilité des revêtements est une donnée primordiale pour expliciter l’ambition du projet en matière de gestion des eaux pluviales. Dans le cas d’une toiture végétalisée, il s’agira plutôt de la hauteur de substrat qui, couplée à une palette végétale spécifique, influence directement le type de toiture végétalisée qui est choisi.
Le projet voté dans le 12e arrondissement de Paris est un projet de végétalisation en cour d’immeuble en pleine terre. Voici quelques exemples des livrables fournis par Horus Paysages dans le cadre de la conception du projet. Pour pouvoir étudier les plans dans le détail, veuillez télécharger le document suivant.
- Le plan de masse
Plan de masse réalisé par Horus Paysages dans le cadre de la conception d’un projet de végétalisation d’une cour d’immeuble dans le 12e arrondissement © Horus Paysages
Le plan de masse ci-dessus localise les différents éléments/espaces du projet. Les légendes explicitent les différents types d’espaces, leur superficie, leur éventuel usage etc. Par exemple, une prairie de 28m² permet de mettre à distance la cour et les appartements du rez-de-chaussée. On y retrouve également les différentes options possibles qui seront explicitées dans le devis. Par exemple, sur le plan de masse ci-dessus on remarque qu’il y a 3 options différentes pour le local vélo : une sans couverture, une avec une couverture végétale, et une avec une couverture non végétalisée.
- Plan de plantations
Plan de plantations réalisé par Horus Paysages dans le cadre de la conception d’un projet de végétalisation d’une cour d’immeuble dans le 12e arrondissement © Horus Paysages
Le plan de plantations ci-dessus désigne par des cercles de différentes tailles l’emplacement de l’ensemble des plantes du projet, avec une abréviation qui désigne l’espèce du sujet planté. Il permet de dénombrer les individus et de les localiser précisément.
- Palette végétale
Extrait de la palette végétale réalisée par Horus Paysages dans le cadre de la conception d’un projet de végétalisation d’une cour d’immeuble dans le 12e arrondissement © Horus Paysages
La palette végétale permet de lister l’ensemble des plantes sélectionnées par le paysagiste. Les plantes sont classées par type d’espaces. Dans l’extrait ci-dessus, on retrouve l’ensemble des espèces de la lisière urbaine qui sera située au fond de la cour.
- Plan de sol
Plan de sol réalisé par Horus Paysages dans le cadre de la conception d’un projet de végétalisation d’une cour d’immeuble dans le 12e arrondissement © Horus Paysages
Le plan de sol ci-dessus explicite la nature des sols du projet. Dans une légende annexe, on retrouve chaque type de sol avec la surface totale qu’ils représentent, leur perméabilité et leur composition. Par exemple, la bande stérile entre la façade cour de l’immeuble et la prairie est composée de béton concassé 0/20. Sa superficie est de 6m² et elle est perméable à 95%.
Concevoir un projet de végétalisation suppose finalement l’implication de différent·es acteur·rices que sont les copropriétaires à l’origine du projet, ainsi que les entreprises qui vont répondre à la commande de la copropriété dans les phases de diagnostic et conception. C’est pourquoi le Cahier des charges est un outil précieux, permettant de guider chacune des parties dans leurs rôles respectifs et de faciliter l’expression de la demande pour la copropriété. Il s’agit notamment d’une référence pour concevoir des projets qui seront éligibles aux subventions prodiguées par la Ville de Paris dans le cadre du dispositif CoprOasis.
Pour aller plus loin
Pour plus d’informations sur la végétalisation en copropriété, veuillez consulter les liens suivants :
- Solutions Pro « Le dispositif CoprOasis, pour végétaliser en copropriété » dans lequel le Cahier des charges est présenté aux professionnel·les de la rénovation du bâti ;
- Episode #3 de la Série technique sur la végétalisation des cours sur dalle ;
- Article CoachCopro sur la végétalisation en copropriété.