Série technique – Episode #6 : Mécaniser la ventilation
Dans un projet de rénovation énergétique, il est très fréquent qu’une Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) soit installée. Cette dernière s’oppose à la ventilation naturelle. Pourquoi mécaniser la ventilation dans les projets de rénovation énergétique et comment cela se passe-t-il concrètement dans le logement ?
Nous nous sommes entretenus avec Alain Martino et Bruno Camelot, respectivement Directeur Technique chez Airpur Ventilation et Chargé d’affaires chez Nepsen Bâtiment, ayant notamment travaillé ensemble sur un projet de rénovation énergétique dans le 17e arrondissement dans lequel la ventilation a été mécanisée.
Qu’est-ce que la ventilation et à quoi est-ce que ça sert ?
La ventilation consiste à renouveler l’air dans un logement : de l’air neuf entre par les pièces sèches (chambres, pièces à vivre), et de l’air humide, parfois chargé de polluants, est extrait par les pièces humides (salle de bain, toilettes).
La ventilation répond notamment à deux enjeux :
- Sanitaire et hygiénique : améliorer la qualité de l’air dans les logements ;
- Réaliser des économies d’énergie : extraire le nécessaire avec des nouveaux systèmes peu énergivores.
Quels sont les grands types de ventilation ?
La ventilation naturelle
Les immeubles construits avant les années 70 étaient équipés de systèmes de ventilation naturelle. Il n’y avait alors aucune obligation sur les débits d’air entrants et sortants. La ventilation naturelle fonctionne grâce à la différence de température entre l’air extérieur et l’air intérieur du logement : on appelle cela le tirage thermique. Cela fonctionne essentiellement en hiver lorsque les différences de températures sont importantes.
Cependant en hiver, l’air froid entrant peur faire baisser la température du logement de 2°C, nous explique M. Martino. Cela implique une consommation énergétique liée au chauffage non maîtrisée, et donc des coûts supplémentaires non négligeables sur les factures d’énergie.
C’est pourquoi, dans le cadre d’une rénovation énergétique globale en copropriété, il est fréquent que parmi les différents postes de travaux figure l’installation d’une Ventilation Mécanique Contrôlée (VMC) basse pression.
La VMC basse pression
La VMC basse pression existe depuis une quinzaine d’années. Celle-ci ne fonctionne pas en continu : on extrait de l’air uniquement lorsque c’est nécessaire.
Le fait de mécaniser la ventilation permet de lisser le phénomène de tirage – Alain Martino, Directeur technique chez Airpur Ventilation.
Cela est d’autant plus le cas si on installe un système avec des bouches d’extraction hygroréglables. Celles-ci détectent le taux d’humidité de l’air et s’ouvrent lorsque celui-ci est trop élevé. Cela permet de faire des économies d’énergie en maîtrisant la quantité d’air nouveau entrant dans le logement.
Installation d’une VMC basse pression hybride par tourelle au 38 rue des Epinettes (Paris 17e). ©Airpur Ventilation
Installation d’une VMC basse pression caisson avec reprise des conduits par piquage latéral. ©Airpur Ventilation
Quelles sont les interventions nécessaires pour mécaniser la ventilation dans un logement ?
La mise en place d’une VMC est une prestation collective votée à l’échelle de la copropriété. Cependant, les travaux permettant de mettre en place ce système se font à l’échelle des parties privatives, soit des logements.
- Vérification et nettoyage des conduits : tout d’abord, il est important de nettoyer les conduits d’aération. En effet, tout obstacle dans le réseau est une perte de charge, et pour que l’air circule à basse pression, il faut que les conduits soient très propres.
- Intervention sur les bouches d’extraction et les grilles d’entrée d’air : les vieilles grilles sont déposées, les bouches d’extraction sont remplacées et les ouvertures inutiles sont obstruées. Par exemple, s’il y a des entrées d’air dans les pièces humides, on les obstrue car on ne met pas d’entrée et de sortie d’air dans la même pièce.
- Mortaisage des menuiseries : il est nécessaire de créer des entrées d’air dans les menuiseries des pièces sèches afin de faire entrer l’air neuf.
- Détalonnage : il est important de détalonner les portes de l’appartement d’environ 1 cm pour permettre les transferts d’air des pièces sèches vers les pièces humides. Aussi, un seuil de porte à la Suisse peut être installée sur la porte d’entrée du logement afin d’éviter les transferts d’air entre les parties communes et privatives, notamment en cas d’incendie dans les parties communes.
Nos interlocuteurs insistent également sur l’importance de la phase d’après-travaux : il faut penser à entretenir la VMC et en particulier les moteurs. Pour cela, il est possible de souscrire un contrat annuel afin de réviser les moteurs et vérifier qu’ils fonctionnent correctement.
L’acceptabilité : un enjeu pour la mise en place de la ventilation
Bruno Camelot, Chargé d’affaires chez Nepsen Bâtiment, nous rappelle que la mise en place d’une VMC pose la question de l’acceptabilité. En effet, comme il est nécessaire d’intervenir dans les logements, cela peut parfois générer des complications et certains refus chez les copropriétaires.
Différentes raisons sont notamment mentionnées par les professionnels :
- Se pose parfois la question d’un éventuel paradoxe entre isoler d’une part, et ventiler d’autre part en « faisant des trous » : il faut bien comprendre que grâce à la VMC basse pression, on n’évacue pas la chaleur inutilement. Avec une ventilation naturelle, la chaleur part davantage en hiver à cause du tirage d’air qui peut s’avérer important, surtout quand les températures sont faibles à l’extérieur du bâtiment.
- Il peut y avoir aussi des craintes concernant une intervention chez soi, sans que l’on sache réellement pourquoi il y a cette intervention. M. Martino nous explique qu’il peut parfois y avoir un manque de communication et qu’il est très important que les copropriétaires soient bien au courant des différents travaux à réaliser dans la copropriété, y compris chez elles·eux.
- Enfin, M. Martino évoque avec nous une certaine appréhension des copropriétaires concernant des nuisances sonores : « La technique a évolué, les constructeurs se sont adaptés ». D’après lui, les moteurs basse pression ne produisent pas de nuisances sonores, il s’agit surtout d’un « souffle ».
Un manque d’acceptation privative peut engendrer de réelles gênes collectives. C’est pour cela qu’il est essentiel d’impliquer le syndic, et d’expliquer les pathologies qui peuvent être engendrées par un système de ventilation défaillant : humidité dans les logements, question sanitaire, etc. « Souvent, 70% des occupant·es ne sont pas au courant de ce qui a été voté ! », nous informent Alain Martino et Bruno Camelot.
L’intervention dans les premiers logements est très importante et doit bien se passer, car cela fonctionne beaucoup au bouche à oreille ensuite.
Pour plus d’informations à propos de la ventilation en copropriété, nous vous invitons à consulter les ressources suivantes :
- Rendez-vous Copro | L’importance de la ventilation dans un projet de rénovation énergétique | Agence Parisienne du Climat
- Forum Habiter Durable 2023 | Qualité de l’air et travaux de rénovation énergétique – YouTube
- Rendez-vous Copro | Les systèmes de ventilation adaptés au bâti ancien | Agence Parisienne du Climat
- Forum Habiter Durable 2022 | L’importance de la ventilation dans un projet de rénovation | Agence Parisienne du Climat