Le PLU bioclimatique : quelles nouveautés ?
Fin 2024, le nouveau Plan Local d’Urbanisme bioclimatique est entré en vigueur. Ce document a une influence directe sur notre quotidien : il définit les transformations nécessaires pour répondre aux besoins en logement, tout en adaptant Paris au changement climatique et en réduisant ses émissions de gaz à effet de serre. Découvrez les principaux changements sur les dispositions environnementales.
C’est quoi un Plan Local d’Urbanisme ?
Considéré comme un « projet de ville », le plan local d’urbanisme (PLU) détermine les règles d’occupation des sols, identifie les éléments (paysages, bâtiments…) protégés, et fixe les objectifs en matière d’aménagement pour les années à venir. Dès lors que l’on souhaite construire, détruire ou modifier l’aspect d’un bâtiment, on doit s’y conformer.
Ce document contient :
- Les choix retenus concernant les règles d’urbanisme,
- Un projet d’aménagement et de développement durable (PADD) définissant les grandes orientations,
- Les orientations d’aménagement et de programmation (OAP). Il s’agit de dispositions portant sur l’aménagement et l’habitat. Le prochain PLU bioclimatique comporte des orientations thématiques, portant sur l’ensemble du territoire, et des OAP sectorielles, portant sur certains quartiers ou secteurs,
- Un règlement fixant les règles générales et les servitudes d’utilisation des sols.
Pourquoi un PLU « bioclimatique » ?
Au-delà de la volonté de « loger l’ensemble des Parisiennes et des Parisiens », ce nouveau PLU bioclimatique doit répondre à l’urgence de l’adaptation au changement climatique, et contribuer à la trajectoire vers la neutralité carbone en 2050, en agissant notamment comme un instrument pour une ville végétale préservant la nature et la biodiversité.
L’objectif de ce nouveau document est de faire de Paris une ville :
- inclusive et solidaire ;
- aux patrimoines et paysages préservés ;
- durable, vertueuse, résiliente et décarbonée ;
- attractive et productive ;
- actrice de la métropole.
L’architecture bioclimatique tire parti de l’environnement du bâtiment pour réduire son impact écologique et maximiser son confort. Elle implique par exemple de valoriser l’exposition au soleil, de favoriser la ventilation naturelle ou d’utiliser les matériaux adaptés. Le PLU bioclimatique vise à étendre ce principe à tous les champs de l’urbanisme, afin de répondre aux défis, notamment climatique, auxquels la ville doit faire face.
Avec le PLU bioclimatique, Paris entend promouvoir une nouvelle méthode de conception des projets et étendre le principe du bioclimatisme à tous les champs de l’urbanisme, au sein de sa métropole et de sa région. Paris se veut précurseur d’une manière globale de concevoir la ville au service de la transition écologique, à la fois pour transformer et adapter l’existant sans renoncer à l’innovation et à la créativité.
Extrait du Projet d’Aménagement et de Développement Durable
Un document réalisé en concertation avec les Parisiennes et les Parisiens
Pour que le PLU bioclimatique réponde aux attentes des habitant·es et des acteurs, une large concertation a été menée, et ce, en plusieurs étapes :
- Une première phase a notamment fait émerger l’axe thématique « Une ville en transition vertueuse et résiliente » comme priorité des habitant·es.
- Les Parisien·nes ont ensuite été invités à déposer leurs idées via la plateforme idée.paris.fr, des ateliers, des cahiers d’acteurs, des rencontres de proximité, des réunions publiques, les registres en mairies, ou les marches exploratoires organisées par le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE). Là encore, l’adaptation au changement climatique est le thème qui est revenu le plus souvent dans les avis exprimés, en particulier la création d’espaces verts et l’adaptation du bâti.
- La concertation s’est étendue de 2020 à 2022, permettant de recueillir plus de 50 000 propositions, formulées par près de 8 000 contributeur·irces, et plus de 600 cahiers d’acteurs rédigés par des professionnels, associations, conseils de quartier et particuliers.
- Le projet a été voté au Conseil de Paris le 5 juin 2023, précédent une nouvelle phase de consultations une l’enquête publique.
- La version finale du PLU a été définitivement approuvée le 20 novembre 2024 au Conseil de Paris, pour une entrée en vigueur au 1er janvier 2025.
Forte de ses expertises, l’Agence Parisienne du Climat a pris part à la consultation, en soumettant des propositions visant à accélérer la dynamique de rénovation environnementale des bâtiments et à mieux adapter le tissu urbain au changement climatique, et en commentant les différentes versions de travail.
Les nouvelles dispositions environnementales à retenir
Le PLU bioclimatique comporte de nombreuses nouveautés visant à protéger les espaces verts existants, à en créer de nouveaux et à améliorer les performances environnementales des bâtiments.
Protéger et renforcer la nature en ville
Un objectif essentiel pour améliorer le cadre de vie, réduire le phénomène d’îlot de chaleur urbain, gérer les eaux pluviales ou encore favoriser la biodiversité. Le PLU bioclimatique defend :
- La conservation des éléments naturels existants et la plantation de végétalisation partout où c’est possible. 327 hectares sont sanctuarisés, 100 000 arbres d’alignement et 266 arbres remarquables sont protégés, ainsi que de nombreux espaces verts, et des espaces libres en pleine terre. Un seuil de pleine terre est fixé dans les parcelles de plus de 150 m² et le seuil pour les très grandes parcelles est rehaussé (65 % pour celles de plus de 5 000 m²).
- La création de 55 hectares de nouveaux espaces verts, en priorité dans les quartiers populaires, comprenant 10 grands parcs en plus d’un grand parc métropolitain de 25 hectares allant de la Porte de la Chapelle à la Villette. L’objectif est d’atteindre 300 hectares végétalisés ouverts au public en 2040, afin de se conformer au seuil des 10 m² d’espaces verts par habitant·es recommandé par l’Organisation Mondiale de la Santé.
- La transformation progressive du boulevard périphérique en boulevard urbain, grâce à : la réduction du nombre de voies dédiées à la voiture individuelle, l’aménagement de continuités piétonnes et cyclables ou encore la mue des portes pour estomper la frontière entre Paris et les communes limitrophes. Les nouvelles constructions ne sont plus autorisées dans ses abords (sauf sous les ouvrages), et les talus, franchissements et portes seront végétalisés.
- La création de plus d’une centaine de nouvelles rues aux écoles. L’OAP « Biodiversité et adaptation au changement climatique » fixe également comme objectifs la poursuite de la transformation des cours d’écoles en cours « oasis », la création de « rues jardins » ou l’aménagement de parcours ombragés.
- La réouverture prochaine de la Bièvre, cette rivière enterrée au début du XXe siècle, et la renaturation de ses berges.
Pour un bâti plus adapté et performant
Sur le volet bâtimentaire, le PLU bioclimatique propose un urbanisme centré sur la transformation de l’existant plutôt que sur la construction nouvelle, Paris étant une ville du « déjà-là », dans une logique de sobriété. La rénovation et la réhabilitation devient la norme, plutôt que la démolition-reconstruction.
Les nouvelles constructions à Paris devront désormais répondre à des critères ambitieux :
- Les seuils en matière de performance énergétique, d’empreinte carbone, de confort d’été ou de production d’énergie renouvelable sont renforcés par rapport à la règlementation nationale (RE2020).
- Elles doivent intégrer les principes de l’architecture bioclimatique (protections solaires, ventilation, performances des matériaux…).
- Les constructions 100 % béton sont interdites, et il faut désormais privilégier des matériaux biosourcés ou géosourcés.
- La climatisation n’est possible qu’en dernier recours : en cas d’impossibilité technique de se contenter de méthodes passives pour garantir un confort d’été satisfaisant et s’il n’est pas possible de se raccorder au réseau de froid.
La transformation de l’existant est favorisée et encouragée par différents biais :
- Une plus grande marge de manœuvre accordée à la modification de l’enveloppe extérieure en cas de rénovation. L’objectif : mieux prendre en compte l’impératif de rénovation énergétique, sans chercher à maintenir l’aspect initial à l’identique, tout en conservant des protections et exigences patrimoniales. Par ailleurs, les travaux de ravalement ou de réfection de toitures doivent s’accompagner de l’amélioration des performances énergétiques du bâtiment.
- L’inscription d’objectifs de performances thermiques pour les éléments concernés dans un projet de rénovation. Les protections solaires d’origine sont à maintenir, restituer ou améliorer, et s’il n’en existe pas, la pose de nouvelles protections est encouragée selon l’exposition au soleil.
- La rehausse des surélévations par rapport à la règlementation précédente. Celles-ci doivent être exclusivement destinées à des habitations, et s’accompagner d’une débitumisation de la cour pour respecter une surface minimale d’espaces libres sur la parcelle. La règle générale est d’autoriser les surélévations jusqu’à 3 mètres, et même de 3 niveaux pour les « bâtiments et ensembles modernes ».
En ce qui concerne la végétalisation du bâti, les opérations de contruction neuve, d’extension et de surélévation doivent atteindre un « indice de végétalisation du bâti« , qui prend en compte la végétalisation des façades, de la cour et des toitures. Le système de pondération encourage les fortes épaisseurs de substrat, et l’indice à atteindre est supérieur dans le secteur de rencorfement du végétal.
Enfin, le PLU bioclimatique introduit un dispositif innovant pour valoriser les externalités positives des projets de construction neuve ou restructuration lourde. Parmi neuf critères portant sur trois thématiques (biodiversité et environnement, programmation, efficacités énergétique et sobriété), ils doivent surperformer sur trois d’entre eux au choix dans deux thématiques différentes. Par exemple : atteindre un certain taux de végétalisation du bâti, de réutilisation des eaux de pluie ou un impact carbone particulièrement réduit.