COP21 : Bilan et enjeux clés de la Conférence de Paris (2015)
La COP est une conférence internationale sur le climat qui réunit chaque année les pays signataires de la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (CCNUCC). L’édition 2015 (COP21) a été organisée par la France. L’Accord de Paris qui y a été adopté marque un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique puisqu’il engage tous les pays du monde à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre et à maintenir le réchauffement sous la barre des 2°C d’ici à 2100.
Le contexte et les enjeux de la COP21
Que veut dire « COP 21 » ?
La « COP 21 », ou Conférence de Paris sur les changements climatiques, correspond à la 21ᵉ « conférence des Parties » de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Il s’agit de grandes conférences internationales sur le Climat, auxquelles participent depuis les États (les « Parties ») membres (195 pays et l’Union Européenne) de la convention chaque année depuis 1995, ainsi que des scientifiques et des représentants d’entreprises et de la société civile. Ces rencontres sont l’occasion de faire le point sur les avancements, de prendre de nouveaux engagements et/ou de s’accorder sur de nouveaux textes et procédures.
Elle s’est déroulée à Paris-Le Bourget (93) du 30 novembre au 12 décembre 2015, sous présidence française.
Dans quel contexte s’est-elle déroulée ?
Parfois présentée par la presse comme le sommet de la « dernière chance » pour ne pas dépasser les deux degrés de réchauffement global, de lourdes responsabilités pesaient sur les épaules de la COP21. Pour le comprendre, il faut revenir sur le contexte des accords climatiques en 2015.
Jusqu’en 2012, le dispositif clé pour inciter les États à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre était le protocole de Kyoto, adopté en 1997 et entré en vigueur en 2005. Il fixait des objectifs chiffrés de réduction pour les pays développés, mais qui ne concernaient pas les pays émergents, et n’a pas été ratifié par les États-Unis. L’adoption d’un nouveau cadre impliquant l’ensemble des pays pollueurs devenait une priorité, alors que les émissions globales continuaient d’augmenter.
Celui nouveau cadre devait voir le jour à Copenhague en 2009, lors de la COP15, mais les États ne sont pas parvenus à un accord et à des engagements contraignants. Un objectif y est toutefois affiché pour la première fois : limiter le réchauffement global sous les 2 °C.
Alors que le protocole de Kyoto a été prolongé in-extremis pour couvrir la période 2013-2020, avec encore moins d’États impliqués, l’urgence était désormais de construire une nouvelle architecture pour l’après 2020. Une urgence réitérée par le 5ᵉ rapport d’évaluation du GIEC, dont le rapport de synthèse parait en 2014.
Quel était son objectif ?
En 2011, les États se sont engagés à trouver, en 2015, un nouvel accord international pour contenir le réchauffement climatique en dessous des 2 °C : c’est l’objet de la COP21. Les négociations préalables ont élaboré les bases d’un nouvel accord qui doit être :
- universel : c’est-à-dire applicable à tous les pays
- juridiquement contraignant : applicable à partir de 2020
- différencié : définissant des objectifs différents pour les pays développés et les pays en développement.
- ambitieux : permettant de limiter réellement les changements climatiques.
Cette fois, pour favoriser l’universalité et retenir les leçons de l’échec de Copenhague, ce nouvel accord repose sur des engagements définis par chaque État individuellement, plutôt que des objectifs de réduction qui doivent être approuvés par tous.
Le déroulement de la COP21
Comment a-t-elle été préparée ?
Si les discussions lors d’une COP sont décisives et peuvent parfois faire capoter un accord, le plus gros du travail a lieu en amont. Au cours de l’année 2015, plusieurs étapes ont préparé les négociations de Paris. Les négociateurs des États se sont réunis dans le cadre de l’ONU pour élaborer le texte qui a été discuté à Paris. Les représentants des États ont aussi échangé sur la question du climat lors des rencontres, des visites officielles et des sommets multilatéraux qui ont précédé. Enfin, les États ont dû remettre très tôt à l’ONU leurs contributions et engagements en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
La COP21 en chiffres
- 196 délégations contenant 10 000 délégués
- 150 chefs d’État présents
- 14 000 représentants de la société civile
- Plus de 40 000 participants au total
- 3 000 journalistes accrédités
- Plus de 80 000 visiteurs
- 13 jours de discussions
Davantage de place pour la société civile
La conférence a réuni les délégations officielles de 195 États et de l’Union européenne, représentants d’État et négociateurs, mais aussi des organisations non-étatiques, représentants la société civile : ONG, entreprises, syndicats, collectivités locales, organisations de protection de l’environnement, peuples autochtones, instituts de recherche…
Ces organisations ont participé aux discussions (prises de parole, contributions écrites, organisation d’événements parallèles…) et attiré l’attention des négociateurs sur des questions particulières, des solutions ou des points de vue qu’elles jugeaient négligés.
L’Agence Parisienne du Climat présente
Guichet unique d’orientation et de conseil auprès des Parisiens sur les économies d’énergies, l’APC a créé, en amont de la COP21, un Kit Climat Énergie pour fournir aux Parisiens des clés de compréhension sur les enjeux liés au climat et montrer des solutions concrètes pour agir au quotidien sur le territoire.
Par ailleurs, l’APC était présente à la COP21 à travers la participation ou l’organisation de plusieurs événements et rendez-vous sur différentes thématiques : urbanisme et ville durable, éco-mobilité, les solutions climat dans le secteur de l’habitat, les politiques climat pour les organisations…
Le bilan de la COP21
L’Accord de Paris : un accord historique
Le 12 décembre 2015, la COP21 s’est conclue sur l’Accord de Paris, qui prévoit de maintenir « l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2 °C », tout en poursuivant les efforts pour « limiter l’augmentation de la température à 1,5 °C au-dessus des niveaux préindustriels ».
Le texte tient compte des besoins et moyens des pays signataires, parvenant pour la première fois à inclure l’ensemble des pays dans l’effort de réduction des émissions. Il est durable dans le temps avec des ambitions révisables à la hausse périodiquement. C’est le principe du cliquet : engager l’ensemble des parties avec des objectifs qui peuvent être peu ambitieux au départ, mais qui devront être rehaussés au fur-et-à-mesure.
Le contenu de l’Accord
L’Accord contient :
- des engagements de la part de chaque pays pour réduire les GES
- des règles pour contrôler les efforts entrepris
- des solutions pour financer durablement la lutte et l’adaptation au changement climatique des pays en voie de développement (Fonds vert pour le climat : 100 milliards de dollars par an à partir de 2020).
- un agenda des solutions regroupant les initiatives des acteurs non gouvernementaux
La déclaration de l’Hôtel de Ville
En marge de la COP21, s’est tenu le 4 décembre 2015, le Sommet des élus locaux pour le climat, à l’initiative d’Anne Hidalgo, Maire de Paris, co-présidente de Cités et Gouvernements locaux unis (CGLU), récemment élue présidente du Cities 40 (C40), l’équivalent du G20 pour les villes-mondes.
700 élus locaux du monde entier rassemblés à l’Hôtel de Ville de Paris ont signé une déclaration les engageant à aller vers 100 % d’énergies renouvelables et à une réduction des émissions carbone des villes de 80 % d’ici 2050. Cette déclaration souligne également que face au besoin d’adaptation et de résilience aux changements climatiques inéluctables, l’engagement politique, le changement social et l’implication des citoyens sont nécessaires.
Aujourd’hui, dans beaucoup de villes du monde, les initiatives sont nombreuses, vont plus vite et souvent plus loin que les politiques nationales. Cette déclaration constitue un élément moteur dans l’adoption de l’Accord de Paris puisque les États pourront s’appuyer sur les bonnes pratiques de leurs villes pour démontrer leurs actions et respecter leurs engagements.
4 novembre 2016 : l’Accord de Paris entre en vigueur
Le 4 novembre 2016, 1 an seulement après la COP21, l’Accord de Paris est entré en vigueur puisque le double seuil nécessaire a été atteint (ratification par 55 pays couvrant au moins 55% des émissions de gaz à effet de serre) grâce à la ratification des pays les plus émetteurs comme le Canada, la Chine, les États-Unis, l’Inde. Un accord historique pour les négociations internationales sur le climat.
Les dernières règles d’application adoptées à la COP26 en 2021
Pour que l’accord soit effectif, il reste à finaliser de nombreuses règles d’application, portant par exemple sur la comptabilité des émissions. C’est chose faite lors des conférences de Katowice (2018) et Glasgow (2021), suite à laquelle l’accord de Paris peut définitivement prendre la suite du protocole de Kyoto. L’heure est désormais à sa mise en œuvre.
Bilan
La COP21 aura rempli son objectif d’aboutir à un accord universel, qui l’est resté malgré la défection des États-Unis qui l’ont finalement réintégré. Mais la réussite de cet accord, qui pourra être jugé à la capacité des États à maintenir le réchauffement global bien en deçà des 2°C, repose à la fois sur un degré d’ambition supérieur des États, et sur la mise en œuvre de politiques suffisantes pour respecter les engagements pris. D’après le 6ᵉ rapport d’évaluation du GIEC, dont la synthèse est parue en 2023, le compte n’y est toujours pas. Il note néanmoins une nette hausse du nombre de pays ayant adopté des politiques climatiques, et ces dernières années ont vu se multiplier les objectifs nationaux de neutralité carbone, parfois avant 2050. L’accord de Paris a certainement eu un effet non négligeable, qui doit se traduire le plus rapidement possible en une baisse effective des émissions globales pour garder ses objectifs en vie. D’après le GIEC, le pic doit survenir au milieu de la décennie 2020 pour se placer sur la bonne trajectoire.