Les « COP climat » et l’histoire de l’action climatique

La convention internationale sur le changement climatique est l’aboutissement d’un (très) long chemin. Cet article revient sur les grandes étapes qui ont permis de faire avancer les différents accords internationaux, dont la COP 21, qui a aboutit à l'Accord de Paris sur le climat.

Au premier sommet de la Terre (1972 ), la question climatique émerge timidement

L’environnement a longtemps été mis sur le ban des grandes conférences internationales. Les années 1970 marquent un tournant. En 1972, Stockholm accueille la Conférence des Nations Unies sur l’environnement : c’est le premier « Sommet de la terre », qui deviendra un rendez-vous décennal pour les dirigeants mondiaux et les ONG (Organisations non gouvernementales). 

Certains scientifiques ont commencé lors de la décennie précédente à alerter sur les effets des activités humaines sur le climat : les premières mesures en continu de la concentration de CO2 ont par exemple débuté en 1958 à Hawaï et ont conduit à un premier rapport remis au président américain en 1965. Le sujet est bel et bien soulevé lors du sommet, dont la déclaration appelle les gouvernements à être attentifs au problème et à surveiller l’évolution. Il reste cependant au second plan, derrière la question de la gestion des ressources notamment. 

Une action rapide des États sur la pollution atmosphérique (années 70 et 80)

La Conférence de Stockholm conduit à la création du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), la plus haute autorité en matière d’environnement dépendant des Nations Unies. Il va rapidement s’attaquer à la question de la « pollution atmosphérique transfrontière », soit l’introduction dans l’atmosphère de substances nocives qui vont toucher d’autres pays.

Un principe nouveau émerge alors : le protocole oblige les signataires à “agir dans l’intérêt de la sécurité humaine, même en cas d’incertitude scientifique”. 

Suite à ces succès, c’est enfin au tour du changement climatique d’attirer l’attention. Plusieurs conférences ont lieu à la fin des années 1980, le GIEC est créé par le G7 en 1988, la même année où des scientifiques et dirigeants politiques de 48 pays appellent à réduire les émissions de CO2 à Toronto.

Il est décidé l’année suivante de commencer à travailler sur une convention-cadre sur le changement climatique, qui verra le jour lors du troisième Sommet de la Terre. 

Les instruments (traités) qui formulent les engagements des Etats dans le système des Nations Unies, notamment en matière d’environnement, peuvent prendre différentes formes 

En 1992, enfin l’adoption d’une convention-cadre 

Le Sommet de la Terre de Rio en 1992 est alors le plus grand rassemblement de chefs d’Etat sur la protection de l’environnement. Y seront notamment adoptées trois nouvelles conventions : 

  1. La Convention sur la diversité biologique (CDB) 
  2. La Convention sur la lutte contre la désertification (CLD) 
  3. La Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) 

Cette dernière est le premier traité international sur le changement climatique.  

La première COP

La CCNUCC entre en vigueur en 1994, et les pays membres se réunissent pour la première fois l’année suivante lors de la Conférence des Parties de Berlin : la première « COP » sur le climat. À ce jour, 196 États et l’Union européenne l’ont signée. 

Depuis 1992 : au rythme des COP 

Le protocole de Kyoto : pierre angulaire de l’action climatique 

Pour rendre la Convention opérationnelle, les Parties doivent se doter d’un protocole : ce sera chose faite lors de la troisième COP, en 1997, où est adopté le protocole de Kyoto

Principal instrument de la lutte contre le changement climatique, il engage les pays développés à réduire ensemble, entre 2008 et 2012, leurs émissions de six gaz à effet de serre de 5,2 % par rapport à 1990.

Il entre en vigueur en 2005 seulement, retardé notamment par la non-ratification des États-Unis. 

L’objectif a été globalement atteint par les pays signataires, mais ceux-ci ne représentaient qu’à peine un tiers des émissions mondiales en 2010, en raison notamment du développement de pays qui n’étaient pas concernés par les engagements (Chine, Inde…), et les émissions mondiales ont continué d’augmenter. 

La déception de Copenhague 

Des négociations s’engagent dès 2005 pour préparer la suite, avec la volonté d’embarquer cette fois davantage de pays. C’est à la COP15 de Copenhague, en 2009, que doit être adopté le successeur du protocole de Kyoto, en fixant un objectif à l’échelle planétaire. Mais les divisions entre les pays du Nord et les pays du Sud paraissent insurmontables. Un accord minimaliste est négocié en catimini par la Chine et les États-Unis. Présenté lors de la conférence finale, celui-ci est rejeté, les délégués – qui le découvrent – se contentant d’en « prendre note ». 

Considérée comme un fiasco, cette conférence aura au moins posé dans sa déclaration finale des premières briques de ce que deviendra l’Accord de Paris, comme l’objectif de maintenir le réchauffement sous les 2°C ou l’engagement financier des pays développés pour financer la transition écologique des pays du Sud. Ces éléments seront consolidés lors de la COP suivante à Cancun. 

Une prolongation à Kyoto obtenue in-extremis 

L’incertitude demeure sur la suite du protocole de Kyoto, dont la période d’engagement se termine fin 2012. En décembre de cette année, « l’amendement de Doha » adopté lors de la COP18 abouti sur une « prolongation » jusqu’en 2020, avec comme nouvel objectif de réduire ses émissions d’au moins 18 % par rapport à 1990. Un succès très relatif puisque peu de pays s’engagent – essentiellement l’Union Européenne et l’Australie – qui ne représentent que 15 % des émissions mondiales. 

La COP21 et l’Accord de Paris 

Dès 2011 (COP17 à Durban), les États commencent à préparer un nouvel instrument juridique qui devra être opérationnel en 2020, en tirant les leçons de Copenhague. Avec le même objectif : y inclure l’ensemble des pollueurs. 

Ce processus abouti lors de la COP21 organisée à Paris. Pour la première fois, l’accord présenté est adopté par tous les États. L’Accord de Paris prendra la suite du protocole de Kyoto. 

L’objectif

2°C

L’Accord de Paris fixe l’objectif de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C .

Il fixe un objectif global en termes de réchauffement :

Pour parvenir à embarquer tous les États, l’approche est différente de celle de Kyoto : cette fois, les États eux-mêmes fixent leurs objectifs de réductions d’émissions. On parle de « contributions déterminées au niveau national » (CDN). Il repose sur le principe du « mécanisme de cliquet » (« ratchet mechanism ») : les objectifs devront être régulièrement rehaussés pour atteindre l’objectif global de limitation du réchauffement. 

L’accord s’accompagne également d’un volet financier pour soutenir la transition des pays en développement, et renforce les engagements de la société civile et des acteurs non étatiques. 

Les règles d’application sont finalisées lors des COP suivantes

Pour rendre l’accord opérationnel en 2020, de nombreuses règles d’application doivent être définies et adoptées. C’est chose faite pour la plupart en 2018 à Katowice, lors de la COP24, et les dernières – en particulier celles sur la comptabilité des émissions et les échanges de crédits carbone – le sont à Glasgow en 2021 (COP26).

Avec un an de retard dû à l’épidémie de Covid-19, l’Accord de Paris est complètement effectif en 2021.

Y est aussi adopté le « Pacte de Glasgow pour le climat » qui appelle à des engagements plus forts pour tenter de maintenir la cible de 1,5 °C de réchauffement global en vie. 

Depuis 2021 : le temps de la mise en œuvre 

Les COP suivantes sont consacrées à la mise en œuvre de l’Accord de Paris, l’enjeu étant :

Quelques nouvelles avancées ont vu le jour depuis Glasgow, comme la création d’un fonds pour les pertes des dommages à Charm-el-Cheikh (COP27) ou un appel à une transition hors des énergies fossiles à Dubaï (COP28). Elles sont toutefois timides en raison du décalage persistant entre pays du Nord et pays du Sud, et entre les pays pétroliers et les autres, notamment. 

À noter que les COP sont aussi l’occasion de conclure des accords entre plusieurs États, sans engager tous les membres de la CCNUCC, qui peuvent aussi inclure des entreprises. 

Pour l’instant, les engagements officiels des États sont encore bien insuffisants pour atteindre les objectifs définis à Paris, même s’ils aboutiraient à une légère baisse des émissions d’ici 2030 par rapport à 2019 (-2 %).

La gouvernance climatique mondiale dans les prochaines années sera cruciale pour inciter les gouvernements à agir davantage, tout en protégeant au mieux celles et ceux qui sont déjà victimes des effets du changement climatique.