Décryptage : un plan d’action pour développer la géothermie en France
Le 2 avril 2023, Agnès Pannier-Runacher, Ministre de la Transition énergétique, a présenté un plan d'action pour accélérer le développement de la géothermie. En effet, la géothermie est minoritaire dans le mix de production de chaleur en France métropolitaine. Or, c'est une technologie qui permettrait de réduire considérablement les émissions de gaz à effet de serre et d'obtenir une meilleure indépendance des énergies fossiles. Quel est le contexte actuel en France ? Quels éléments retenir de ce plan d'action ?
La géothermie : un potentiel à développer
Selon le bilan énergétique de la France pour 2020, environ la moitié de la consommation finale d’énergie correspond à une consommation de chaleur produite par des énergies fossiles (gaz naturel, fioul, etc.) émettrices en gaz à effet de serre. Par exemple, des copropriétés sont encore chauffées au fioul à Paris, et constituent un potentiel important pour une conversion de source d’énergie.
Le développement des énergies renouvelables, dont la géothermie, permettrait de réduire ces émissions, en plus de la réduction des consommations par une meilleure efficacité des bâtiments et des systèmes de production de chaleur. Cependant, en 2021, la géothermie ne représente que 1 % de la consommation finale de chaleur (environ 6 TWh) et 5 % de l’énergie entrante des réseaux de chaleur (environ 2 TWh) de la consommation énergétique de la France Métropolitaine.
Or, la loi relative à la transition énergétique et la croissance verte (2015) fixe l’objectif de produire 38 % de la chaleur grâce à des énergies renouvelables d’ici 2030. Le développement de la géothermie participerait à l’atteinte de cet objectif.
La géothermie, de quoi parle-t-on ?
La géothermie désigne l’ensemble des systèmes permettant d’exploiter la chaleur de la terre. Par l’intermédiaire d’un système de pompe à chaleur géothermique, la chaleur dans le sol est captée et restitué pour le chauffage et/ou la production d’eau chaude sanitaire. Plusieurs technologies de géothermie existent et, selon la profondeur que l’on atteint dans le sol, l’usage de la chaleur diffère :
- La géothermie de surface exploite des sources de chaleur à moins de 30 °C et à moins de 200 mètres de profondeur. La géothermie de surface répond au besoin de chaleur à l’échelle d’un bâtiment.
- La géothermie profonde exploite des nappes situées entre 500 et 3 000 mètres de profondeur avec des eaux souterraines de températures comprises entre 30 et 200°C. Cette technologie est dédiée généralement à la production de chaleur pour un réseau de chaleur urbain.
Schéma des trois principaux dispositifs de captation de la chaleur : le captage sur sondes géothermiques verticales, le captage sur nappe phréatique et le captage horizontal. (source : BRGM-FEDER)
Pour un bâtiment, le choix de la géothermie de surface est avantageux face aux autres technologies de production de chaleur, notamment :
- La pompe à chaleur géothermique permet de rafraîchir (avec un système passif), voire d’être réversible et de faire de la climatisation (avec un système actif).
- Pour 1 kWh électrique consommé par la pompe à chaleur, 4 kWh thermiques sont restitués. Ce qui permet d’avoir une consommation énergétique maitrisée et peu consommatrice.
- La seule consommation d’électricité pour produire de la chaleur permet également de n’émettre aucun gaz à effet de serre directement.
Un plan d’action en 6 axes
Afin d’atteindre les objectifs, le gouvernement propose un plan d’action en 6 grands axes pour développer la géothermie de surface et la géothermie profonde.
De manière transversale, le plan d’action indique la nécessité de sensibiliser les acteurs locaux, notamment grâce aux réseau d’animateurs régionaux afin de valoriser les avantages de la géothermie. En complément, le plan d’action propose l’accompagnement des porteurs de projets et des usager·ères, par l’intermédiaire du Fond Chaleur et de nouvelles modalités de financement à mettre en place.
Le développement de la géothermie profonde nécessite une amélioration de la connaissance des sous-sol propices à la réalisation de géothermie profond. Cette meilleur identification des sous-sols s’accompagne d’une sécurisation et d’une garantie financière plus solide pour permettre plus de lancement de projets de géothermie profonde.
Quant au développement de la géothermie de surface, plusieurs actions sont déterminantes :
- Structurer la filière et renforcer sa capacité de production et de forage, nécessitant de :
- Créer et développer les formations pour augmenter le nombre de foreurs en géothermie de surface
- Améliorer la qualification des professionnel·les et augmenter le nombre de foreurs qualifiés
- Simplifier la règlementation, afin d’améliorer l’accès à cette technologie et inciter la réalisation de projets
- Inciter à l’installation de pompes à chaleur géothermiques dans les secteurs résidentiels et tertiaires en :
- Renforçant la visibilité des professionnel·les de la géothermie de surface
- Renforçant le « coup de pouce chauffage » pour le secteur résidentiel
- Incitant à mobiliser les contrats de développements des énergies renouvelable du Fond Chaleur pour le secteur tertiaire.
La géothermie vous intéresse ?
Vous pouvez consultez le retour d’expérience d’une copropriété qui a réalisé une rénovation exemplaire et la remise en fonctionnement d’un puits géothermique !
Vous habitez à Paris ? N’hésitez pas à contacter les conseillers·ères France Rénov’ de l’Agence Parisienne du Climat qui pourront répondre à vos questions.