L’hiver 2023 à Paris n’est pas épargné par la sécheresse
Alors qu’on constate à l’échelle de la France un nombre record de jours sans pluie significative (> 1 mm) depuis le début des relevés en 1959, à Paris aussi, le phénomène de sécheresse perdure.
Fruit d’un partenariat entre l’Agence Parisienne du Climat et Météo-France, ce bulletin climatique revient sur l’hiver 2023 à Paris et en Île-de-France. En utilisant les données du passé, nous cherchons à éclairer le climat actuel ainsi que son évolution. En météorologie, l’hiver s’étend de décembre à février.
La sécheresse toujours au rendez-vous
Alors que depuis plusieurs mois, on note un déficit de pluie qui ne permet pas de remplir les nappes phréatiques ni d’assurer une humidité des sols suffisante, l’hiver 2023 n’aura pas permis de rattraper le déficit de pluie accumulé.
Le beau temps n’est pas une bonne nouvelle : il aurait fallu qu’il pleuve « en excès », c’est-à-dire plus de 149 mm sur les trois mois pour enrayer le phénomène. Or cela n’a pas été le cas : on relève seulement 107 mm de pluie au Parc Montsouris, ce qui classe l’hiver 2023 au 34e rang des 151 derniers hivers les plus secs à Paris.
Un nombre record de jours sans pluie
Il n’a plu qu’une trentaine de jours sur les trois mois d’hiver, répartis entre mi-décembre et mi-janvier.
Comme l’explique Météo-France dans son bulletin climatique parisien : « En ce début mars 2023, on constate dans toute la France (sauf en Corse), une sorte d’anomalie : il n’y a pas eu de pluie significative (> 1 mm) pendant 46 jours ! Depuis 1959 [date du début des relevés des données à l’échelle de la France], c’est la première fois que cela arrive à cette échelle ».
A Paris, il n’y a pas eu pluie significative entre le 20 janvier et le 6 mars, soit pendant 46 jours ! C’est donc le 8e hiver le plus sec depuis 1959 à Paris.
Mais nous pouvons même regarder plus loin en arrière. A Paris, nous avons la chance d’avoir des données sur les précipitations depuis le 17 juin 1872 ! Cela nous permet de savoir que l’hiver 2023 est le 34e hiver le plus sec depuis 1874, année durant laquelle on avait relevé seulement 47 mm de pluie à la station Paris-Montsouris, ce qui en fait l’hiver le plus sec à Paris.
Cumul saisonnier des précipitations © Météo-France
On est donc dans une situation contraire à celle de l’hiver 2022 à Paris, où l’on avait relevé un excédent de pluie, qui n’avait pourtant pas permis d’enrayer la sécheresse.
Des sols déjà très secs en plein milieu de l’hiver
Contrairement à mars 2022 où les sols étaient « normalement humides », cette année, ils sont déjà anormalement secs. On peut observer ce phénomène sur le gif ci-dessous, qui montre l’évolution de l’humidité des sols entre octobre 2022 et fin février 2023 (Météo-France).
Humidité des sols © Météo-France
C’est un phénomène inquiétant à l’approche du printemps, où les plantes vont commencer à capter l’humidité des sols, contrairement à l’hiver, période pendant laquelle la végétation est au repos et permet aux sols de capter l’eau et de recharger les nappes phréatiques. Les prochains jours de précipitation sont donc très attendus.
Une température moyenne toujours au-dessus des normales
Depuis 2012, on remarque que les températures moyennes hivernales à Paris sont constamment au-dessus des normales saisonnières.
Cette année, la température moyenne hivernale à Paris n’est « que » de 0,8 °C supérieure aux normales (moyenne de températures moyennes hivernales relevées entre 1991 et 2000), mais cela s’inscrit dans une tendance des hivers de plus en plus chauds. Cette moyenne cache des disparités importantes entre des épisodes chauds et froids pendant l’hiver.
Alternance phases chaudes et froides © Météo-France
Comme le montre ce graphique produit par Météo-France, on relève des périodes qui s’écartent nettement des normales : avec des pics de froid début décembre, fin janvier, mi et fin février, et des épisodes chauds de fin décembre à mi janvier, entre janvier et février, et au milieu de février.
La sensation de froid a été accentuée fin février par la conjonction de trois facteurs :
- température proche de 0 °C ;
- sécheresse de l’air continental (humidité de l’air de 54 %) ;
- et un vent de nord-est avec des rafales de plus de 60 km/h.
Des épisodes de pollution favorisés par des hautes pressions
Le climat parisien est impacté par ce que l’on appelle la pression atmosphérique, qui peut favoriser certains phénomènes, comme les épisodes de pollution.
En février, on a relevé un épisode de pollution aux particules fines qui a duré près d’une semaine, du 9 au 15 février. Ce type d’épisode a plus de chance de se produire quand la pression atmosphérique est haute, ce qui entraîne un vent d’est et une faible pluviométrie. Le 5 février, juste avant cet épisode, la pression était haute : avec 1043 hPa.
A contrario, une pression atmosphérique basse (une dépression) apporte de l’eau tirée de l’air humide en provenance de l’Atlantique : c’est par exemple ce qui s’est produit le 16 janvier avec la tempête GERARD, où la pression atmosphérique était seulement de 978 hPa.
Cet hiver est donc marqué par la sécheresse, un déficit de pluie important et un nombre de jours sans pluie record. Il s’inscrit également dans la continuité des hivers au-dessus des températures moyennes saisonnières, même si nous avons des vagues de froid en alternance pendant l’hiver.