Moisissures dans un logement : comment les détecter et y remédier ?
Les ménages en situation de précarité énergétique font souvent face à la présence de moisissures dans leur logement. Pour mieux comprendre ce phénomène néfaste pour la santé, nous nous sommes entretenus avec Sandra Kamoun, conseillère médicale en environnement d’intérieur (CMEI) au Service des Laboratoires de Santé Environnementale de la Ville de Paris.
Comment reconnaitre des moisissures ?
Les moisissures sont des champignons microscopiques formant des taches blanches, noires, vertes ou d’une autre couleur. Elles ressemblent aux taches sur les fruits moisis. On les voit le plus souvent au bas des murs ou sur le rebord des fenêtres. Elles peuvent aussi être cachées dans le plafond, dans les murs ou sous un plancher touché par l’eau ou l’humidité.
Comment apparaissent les moisissures ?
Plusieurs facteurs favorisent leur développement :
- La suroccupation d’un logement. Par exemple, un 20 m² occupé par 6 personnes va générer beaucoup d’humidité à cause de l’activité humaine (respiration, douche, cuisine) dans un petit espace ;
- Un dégât des eaux ou une infiltration par le toit ;
- Une mauvaise isolation entre l’intérieur et l’extérieur, favorisant des ponts thermiques ;
- Une mauvaise ventilation avec l’absence de VMC, une VMC défectueuse ou l’absence d’aération du logement ;
- Des remontées capillaires. Par exemple, un logement au rez-de-chaussée avec des caves humides en dessous, où le sol est en terre, donc l’eau naturellement présente dans le sol va remonter et causer de l’humidité, puis des moisissures.
Dans tous les cas, il faut une source d’humidité et un support à grignoter. Si ces conditions sont réunies, les moisissures vont s’accrocher au support et vont proliférer, surtout si l’aération est mauvaise.
On considère qu’un logement est humide lorsque son taux d’humidité dépasse 60 %.
Quels sont les risques pour la santé ?
Il existe des millions de moisissures. En tant que CMEI, on en identifie 250 parmi les plus irritantes et infectieuses pour l’Homme.
Elles peuvent avoir comme incidences :
- Développement ou exacerbation de l’asthme (sifflements) ;
- Rhinite allergique avec des symptômes des voies aériennes supérieures (maux de gorge, conjonctivite, congestion ou écoulements) ;
- Autres effets respiratoires : toux, dyspnée, infections respiratoires ;
- Effets neurologiques et psychologiques (pas toujours facile à évaluer) ;
- Irritation cutanée, fatigue.
Quelles sont les populations les plus à risque ?
- Les enfants ou adultes atteints de pathologies respiratoires chroniques ;
- Les patients immunodéprimés ;
- Les nourrissons ;
- Les populations surexposées aux moisissures, comme les personnes en situation de précarité énergétique.
Quel est le public le plus concerné par la présence de moisissures dans son logement ?
Il s’agit d’un public au revenu modeste ou très modeste, qui ne leur permet pas de pallier le problème rapidement, en changeant la ventilation notamment. Ce sont souvent des familles monoparentales, des retraités ou des familles vivant dans un logement trop petit, autant dans le parc privé que dans le parc social. Même parmi les propriétaires occupants, de nombreuses personnes âgées ayant acheté il y a 30, 40 ans, et n’ayant pas effectué de travaux faute de moyens, se retrouvent dans des logements détériorés avec des moisissures.
Il existe un lien très fort entre inégalités sociales de santé et mauvaises conditions de logement.
Quel est le rôle des conseillers médicaux en environnement d’intérieur (CMEI) ?
Le CMEI met en relation la santé et l’environnement intérieur du patient. Le médecin sollicite un CMEI quand il existe un doute sur l’environnement intérieur du patient pouvant avoir une incidence sur sa pathologie respiratoire. Le rapport du CMEI permet de mieux comprendre la maladie du patient et d’adapter son traitement. Les prélèvements effectués par le CMEI lors de sa visite découlent des recommandations du médecin, c’est pour ça que l’ordonnance du médecin est obligatoire.
Nous sommes les yeux et les oreilles du médecin dans l’environnement intérieur du patient.
Comment prévenir la présence de moisissures dans son logement ?
S’il n’est pas possible d’agir sur le bâti en rénovant son logement – c’est-à-dire changer de VMC, de fenêtres ou isoler – alors, il faut se concentrer sur l’aération du logement. Concrètement, cela signifie ouvrir ses fenêtres au moins 10 à 15 minutes par jour pour renouveler l’air.
Outre la moisissure, des composés organiques volatiles sont générés par l’activité humaine (bougies, produits ménagers, parfum d’intérieur, meuble neuf) et restent dans l’air. Ils sont mauvais pour la santé et participent à vicier l’air. Or, un air vicié est deux fois plus difficile à chauffer qu’un air sain, d’où l’importance d’aérer régulièrement.
Sandra Kamoun nous explique que lors de ses visites en tant que CMEI ou dans le cadre du Slime, on observe fréquemment des ménages qui bouchent leur VMC ou ne veulent pas ouvrir leurs fenêtres en hiver, par peur d’avoir des factures trop élevées. Il faut faire de la pédagogie auprès de ces ménages en leur expliquant qu’aérer 10 ou 15 minutes son logement par jour ne va pas faire doubler ses factures d’électricité.
Lorsque des moisissures apparaissent, il faut immédiatement les nettoyer pour éviter une propagation plus importante, en veillant à utiliser des produits non irritants. Pour cela, il est recommandé d’utiliser un produit multi-usage, de préférence sans parfum, avec un écolabel et il faut proscrire les produits avec de l’eau de javel, qui sont très irritants pour les voies respiratoires, et de manière générale tous les formats sprays. Enfin, il est important que la personne qui s’en charge ne soit pas une personne à risque et qu’elle se protège avec un masque, des gants et des lunettes de sécurité. Les vêtements sont à changer à la fin de l’opération en raison des spores invisibles à l’œil nu qui se décrochent pendant le nettoyage et se respirent.
Vous connaissez quelqu’un en situation de précarité énergétique avec des moisissures dans son logement à Paris ? Alertez-nous !
L’Agence Parisienne du Climat coordonne le Slime : un dispositif de lutte contre la précarité énergétique. Il propose un accompagnement gratuit pour aider les foyers très modestes à répondre à leurs problématiques de logement : factures élevées, humidité, moisissures, froid dans le logement, etc. Le dispositif s’adresse autant aux propriétaires occupants qu’aux locataires du parc privé et du parc social. En tant que particulier ou professionnel, vous pouvez nous aider à repérer un ménage en situation de précarité énergétique.
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