Plan Eau : préserver la ressource en eau à Paris, des solutions collectives et individuelles
Alors que la France a traversé une période de sécheresse intense en 2022, qui risque de se reproduire en 2023, que localement l’hiver 2023 fut marqué par un nombre record de jours sans pluie (46 jours), de nombreux acteurs réfléchissent à une gestion plus durable de la ressource en eau.
La gestion de l’eau en France et le stress hydrique
Le 30 mars 2023, le chef de l’Etat a annoncé la mise en place d’un « Plan d’action pour une gestion résiliente et concertée de l’eau », ou « Plan Eau ». Celui-ci a pour objectif de mieux préserver cette ressource déjà sous tension dans un contexte de réchauffement climatique et de multiplication des épisodes de sécheresses.
La situation géographique de la France donne en théorie au pays de larges ressources en eau grâce à un grand réseau de nappes phréatique et une forte pluviométrie. Cependant, les effets du réchauffement climatique et la surexploitation de la ressource par les activités humaines font peser un risque accru de stress hydrique qui se fait déjà sévèrement ressentir aujourd’hui, et qui devrait s’accroître à l’avenir. Le BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) indiquait le 13 avril que les nappes d’eau souterraines présentaient des niveaux inférieurs en moyenne dans le pays (BRGM, 2023).
- En France, ce sont actuellement 4,1 milliards de m3 d’eau douce qui sont consommés par an par l’ensemble des ménages et les secteurs industrielles ainsi qu’agricoles (Ministère de la Transition Ecologique, 2022).
- Si chaque Français.e consomme en moyenne 146 litres d’eau potable par jour (OFB, 2020), les activités économiques, agricoles, industrielles sont également des acteurs importants sur la consommation de l’eau en France.
- L’agriculture représente 58% de la consommation d’eau en France (Ministère de la Transition Ecologique, 2022). Dans ce contexte, il est donc important de promouvoir des actions de sobriété à travers tous les secteurs.
Le saviez-vous ? Il existe une différence entre l’eau prélevée, et l’eau consommée. Les prélèvements reflètent l’ensemble du besoin en eau des différents secteurs (en incluant les usages temporaires comme le refroidissement des centrales de production d’énergie ou l’alimentation des canaux). Les consommations représentent les volumes prélevés non restitués aux milieux naturels, et donc, l’impact quantitatif des usages sur la ressource : il s’agit des volumes prélevés non restitués aux milieux naturels (EPTB Seine Grands Lacs, 2023).
Quels sont les points marquants du Plan Eau ?
Le Plan Eau cherche à répondre à certaines problématiques posées par le stress hydrique. Il se structure en 53 mesures à mettre en place dans un horizon assez court (2030) et entend répondre à trois enjeux principaux :
- Planifier l’utilisation de la ressource en eau pour plus de sobriété
- Optimiser la disponibilité de la ressource en réduisant les pertes ou en valorisant les eaux non conventionnelles
- Préserver la qualité de l’eau (le stress hydrique fait également peser des risques sanitaires).
Le plan a également pour ambition d’être collectif et de mobiliser, en plus de l’Etat, l’ensemble des collectivités, des acteurs économiques, des associations et des citoyens dans son action. Parmi les objectifs et mesures marquants :
- D’ici 2030, -10% d’eau prélevée, grâce par exemple à des pratiques agricoles plus économes en eau (réglementation des forages) ou l’établissement de plan de sobriété dans toutes les filières économiques
- Réduire les fuites d’eau, qui représentent aujourd’hui 1 litre d’eau potable sur 5.
- Mieux valoriser les eaux non conventionnelles, comme les eaux de pluie et les eaux grises, dans les activités industrielles, agricoles et domestiques.
- Développer les solutions fondées sur la nature, avec l’introduction d’aides financières pour les projets de renaturation et de désimperméabilisation des collectivités. Un investissement dans les agences de l’eau réhaussé de 475 millions d’euros par an.
- Prévenir les pollutions et améliorer la qualité de l’eau, par exemple en réglementant plus fortement l’utilisation des pesticides.
A Paris, la question de l’eau est aussi une question importante
Dans son étude Paris face aux changements climatiques (Ville de Paris, 2021), la Ville de Paris explique : « Aujourd’hui, une consommation d’eau potable stable et des sources d’approvisionnement variées assurent une eau de qualité et en quantité pour Paris. Mais les effets du réchauffement climatique avec davantage de sécheresses et davantage de besoins, pour rafraîchir la ville ou pour l’agriculture régionale par exemple, font craindre des pénuries au-delà de 2050 ».
Une étude a par exemple été lancée en janvier dernier par la Ville de Paris, la Métropole du Grand Paris et l’OCDE sur la gestion du risque de pénurie d’eau pour faire face aux sécheresses croissantes.
Les plans de gestion de la ressource en eau dans la Ville de Paris.
Afin de lutter contre les effets du réchauffement climatique, la Ville de Paris a lancé plusieurs plans qui prennent en compte la gestion de l’eau, en insistant sur l’infiltration à la source de l’eau de pluie via la végétalisation et la désimperméablisation de l’espace public.
- Adopté en mars 2018, le Plan ParisPluie intègre notamment un zonage pluvial annexé au Plan Local d’Urbanisme afin d’identifier les zones où il faut limiter l’imperméabilisation et les zones à risque en cas d’inondation. Adossé à ce plan, un guide d’accompagnement pour la mise en œuvre du zonage pluvial à Paris a été développé pour aider les acteurs de l’urbanisme à mieux prendre en compte les solutions durables et connaître les dispositifs de récupération des eaux pluviales. Pour plus d’information : Plan ParisPluie
- D’autres plans, comme le Plan Climat Air Energie ou le Plan Local d’Urbanisme (actuellement en cours de révision) accordent également une place importante à la question de la gestion de l’eau, et ce particulièrement dans leur objectif de développement des espaces verts et de zones de rafraîchissement. D’ici 2050, 40% du territoire devra par exemple être constitué de surfaces perméables végétalisées (Plan Climat Air Energie, Ville de Paris, 2018). Pour plus d’information : Plan Climat de Paris Concrètement, cela passe par :
- la récupération d’eau de pluie,
- la désimperméabilisation de cours d’école,
- le développement des toitures végétalisées,
- des noues urbaines,
- le renforcement de la végétalisation et la plantation d’arbres,
- la réouverture de cours d’eau,
- la restauration du cycle naturel de l’eau,
- la dépollution des eaux pluviales, etc.
- De nombreuses solutions de désimperméabilisation, renaturation, sont référencées sur la plateforme AdaptaVille mise à disposition par l’Agence Parisienne du Climat.
- Enfin l’opérateur municipal Eau de Paris assure une gestion durable de l’eau avec notamment la mise en place d’actions de protection de la ressource à la source (soutien à l‘agriculture biologique sur les zones de captage,…).
D’ici 2050, 40% du territoire devra par exemple être constitué de surfaces perméables végétalisées !
Mais les acteurs publics et économiques ne sont pas les seuls à pouvoir agir. Les citoyens et citoyennes peuvent aussi contribuer à une gestion plus durable de la ressource en eau !
Quelles solutions pour agir ?
Réduire la consommation à l’échelle du bâtiment
Il existe de nombreuses solutions visant à améliorer la gestion de l’eau dans une copropriété. Parmi ces dernières mesures pertinentes à mettre en place :
- la végétalisation des toitures ;
- la récupération des eaux de pluie ;
- la désimperméabilisation des sols.
Elles permettent de restaurer le cycle naturel de l’eau et de désengorger les réseaux d’assainissement, notamment en cas d’inondations, tout en rafraîchissant la ville dans le contexte d’augmentation des températures.
Il existe des aides financières (Agence de l’Eau, Eco-Rénovons Paris +) pour accompagner ce type de solutions. En mars 2023, la Ville de Paris et l’Agence Parisienne du Climat ont aussi mis en place le dispositif CoprOasis afin d’aider financièrement les copropriétés de la capitale à végétaliser , désimperméabiliser les sols et gérer les eaux pluviales. Cette aide s’applique sur les études d’avant-projet de la copropriété et sur la réalisation des travaux.
Faire des économies chez soi
Selon Eau de Paris environ 40 % de l’eau potable consommée dans les ménages parisiens, soit presque 50 litres par jour sont utilisée pour l’hygiène corporelle et environ 20%, soit presque 25 litres, en tant qu’eau sanitaire. Avec une part de 12%, soit environ 14 litres journaliers, le lave-linge représente aussi un point de consommation important dans les ménages Parisiens. D’autres usages comme l’arrosage du jardin ou le lavage de la voiture, même si très consommateurs par eux-mêmes, sont moins importants dans la consommation globale des Parisien·nes car moins fréquents dans la capitale. Seulement 1 % de l’eau potable est consommée directement dans les foyers français.
Afin de réduire la pression sur le réseau d’eau potable dans les années à venir, il est essentiel d’optimiser notre consommation d’eau potable en tant que société mais aussi dans chaque logement. Voici les trucs et astuces pour réduire le gaspillage d’eau – et par ailleurs faire des économiser sur sa facture :
- Privilégier les douches rapides aux bains : une douche rapide consomme de 30 à 60 litres d’eau chaude, alors qu’un bain consomme de 150 à 200 litres. Vous consommez donc 2 à 4 fois moins d’eau en préférant les douches aux bains.
- Installer un économiseur d’eau sur le pommeau de douche : utiliser un économiseur d’eau sur les robinets et les douchettes permet de réduire jusqu’à 50 % la consommation d’eau, ainsi que l’énergie utilisée pour la chauffer.
- Installer une chasse d’eau à double débit : une ancienne chasse d’eau simple peut arriver à consommer jusqu’à 10 litres d’eau par chasse. Pour économiser jusqu’à 70 % d’eau par chasse, installez une chasse d’eau à double débit (3 litres ou 6 litres par chasse) ou installez une éco-plaquette dans le réservoir.
Consultez le guide des 100 écogestes pour plus de bons gestes pour des économies d’eau et d’énergie.
Les principaux écogestes pour réduire sa consommation d’eau © Agence Parisienne du Climat
L’accentuation des sécheresses et le risque de stress hydrique sont déjà des réalités qui risquent malheureusement de s’accentuer avec l’évolution du climat. L’objet de ces plans d’actions mais aussi et surtout des mesures mises en place par de nombreux acteurs locaux est de se préparer à vivre avec les sécheresses et faire en sorte d’améliorer notre gestion de cette ressource précieuse, l’eau notre bien commun.