DISCOVER : encourager les initiatives citoyennes de production d’énergie photovoltaïque en ville
Lever les freins aux projets de communautés d’énergie électrique en ville et en particulier au sein des copropriétés parisiennes.
Face à un contexte de crise énergétique et dans une démarche de réduction de l’utilisation des énergies fossiles, certains copropriétaires font le choix d’intégrer des énergies renouvelables dans leurs immeubles. Diverses solutions existent : panneaux solaires photovoltaïques ou thermiques, géothermie, réseau de chaleur urbain etc. Cet article se propose d’explorer la piste de l’installation de panneaux solaires photovoltaïques (PV) en copropriété.
Nous nous sommes entretenus avec M. Yombo, ingénieur technico-commercial chez Energie Douce, étant intervenu sur le projet d’installation de panneaux solaires photovoltaïques dans la Résidence Les Paladines dans le 17e arrondissement de Paris.
Les panneaux solaires photovoltaïques transforment l’énergie du rayonnement solaire en électricité grâce à leurs nombreuses cellules composées de silicium.
Il est important de ne pas les confondre avec les panneaux solaires thermiques : la différence entre ces deux technologies est expliquée dans cette page dédiée.
« Il existe des panneaux monocristallins avec des cellules issues d’un seul cristal de silicium, ou polycristallins dont les cellules sont issues de plusieurs cristaux de silicium. Aujourd’hui, l’essentiel des panneaux posés sont monocristallins ».
Peter Yombo
M. Yombo nous explique que ces cellules photovoltaïques vont accumuler une recharge d’électricité et que l’électricité produite en courant continu va alors être convertie en courant alternatif par un onduleur.
Ce courant alternatif est ensuite acheminé jusqu’un point de décompte et protection, tel qu’un tableau électrique.
En copropriété, les factures d’électricité peuvent être élevées. Le fait de produire soi-même une partie de l’électricité et de choisir de l’autoconsommer permet de diminuer le montant de ces factures : de fait, la copropriété a moins besoin d’en acheter à son fournisseur.
La copropriété du 21 rue Cino Del Duca dans le 17e arrondissement de Paris nous avait indiqué qu’entre 2020 et 2021, la production annuelle via les panneaux représentait près d’un quart de la consommation de la copropriété !
« Théoriquement, la revente est possible. Cependant, avec les tarifs actuels de l’électricité, il est plus rentable de choisir l’autoconsommation que la revente ».
Peter Yombo
Aussi, s’il y a du surplus en été en raison d’un ensoleillement plus important, il est possible d’exporter l’électricité produite non utilisée vers le réseau.
Dans le cas du 21 rue Cino del Duca, l’installation des panneaux solaires photovoltaïques a été réalisée à la suite de travaux ayant pour objectif la diminution de la facture d’électricité : installation de détecteurs de présence sur les paliers, remplacement des ampoules par des LEDS, etc.
C’est également un poste de travaux qui peut être envisagé dans un contexte de rénovation énergétique global permettant des économies d’énergie avec d’autres postes de travaux : isolation thermique, ventilation, chaufferie, etc.
C’est le cas de la copropriété des Acacias à Sèvres qui a profité de son projet global de rénovation énergétique pour installer des panneaux solaires photovoltaïques.
Les panneaux solaires fournissent de l’électricité de manière intermittente : plus il y a de soleil, plus la production sera importante. S’il n’y a pas de soleil, alors la production sera drastiquement réduite.
S’il y a un ombrage causé par des immeubles alentours ou par la présence de cheminées et d’édicules d’ascenseur par exemple, cela va limiter les panneaux dans leur fonctionnement. Pour vérifier cela, il faut se rendre sur site et repérer les potentiels obstacles qui pourront faire de l’ombre aux panneaux.
Le cadastre solaire
Il est possible de vous renseigner sur votre potentiel solaire via le cadastre solaire de Paris réalisé par l’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) ou ce site interactif réalisé par la Région Ile-de-France.
L’Agence Parisienne du Climat peut réaliser gratuitement un prédimensionnement d’une installation et vous apporter des informations sur ce type de projet. Pour cela, la première étape est d’inscrire votre copropriété sur CoachCopro.
Cette intermittence dans le fonctionnement des panneaux solaires est également à prendre en compte dans leur utilisation.
M. Yombo nous rappelle qu’il est important d’apprendre à consommer de manière intelligente. Il faut donc consommer au bon moment en accord avec les panneaux afin de maximiser leur rentabilité !
« Il faut solliciter les panneaux quand ils sont productifs, à midi en hiver par exemple. Il faut exploiter au maximum leur potentiel ! ».
Peter Yombo
L’installation des panneaux photovoltaïques est soumise au règlement d’urbanisme de la Ville de Paris. Même s’il doit tenir compte de contraintes diverses, notamment patrimoniales, ce règlement favorise l’installation de dispositifs photovoltaïques. Celui-ci mentionne que les panneaux sont autorisés en saillie des toitures, à condition que leur volumétrie s’insère harmonieusement dans le cadre bâti environnant.
L’installation est aussi généralement soumise à la consultation des Architectes des Bâtiments de France (ABF) dont l’avis suit la circulaire du 9 décembre 2022. Un guide d’insertion paysager a été produit par le Ministère de la Culture.
Il ne vaut mieux pas être dans un secteur classé pour installer des panneaux solaires photovoltaïques.
Peter Yombo
Juridiquement et techniquement, il est rare qu’un toit ne puisse pas accueillir des panneaux photovoltaïques. Il est possible que selon les toitures, le coût d’installation soit supérieur, ainsi que l’exigence patrimoniale.
C’est pour ces raisons que l’on choisit souvent une inclinaison assez faible, nous explique M. Yombo, afin de ne pas importuner le voisinage et pour que les panneaux soient les moins visibles possible.
L’installation de panneaux solaires photovoltaïques est soumise au dépôt d’une déclaration préalable de travaux (DP) à la Mairie, sauf pour les surfaces au sol au-dessous de 1,80 m de hauteur. La page sur la différence entre panneaux solaires photovoltaïques et thermiques apporte des précisions sur ce point.
Il faut également faire une déclaration auprès du CONSUEL (Comité National pour la Sécurité des Usagers de l’Électricité) lors du raccordement afin qu’il soit validé. Ce dernier va contrôler la bonne réalisation du projet ainsi que le respect des normes.
Sur la base des besoins identifiés et des souhaits d’usage du toit, un bureau d’études va concevoir le projet grâce à des simulations logicielles et une visite sur site avec l’installateur afin de visualiser la surface exploitable et les éventuelles contraintes citées précédemment (ombrage, vis-à-vis, hauteur de l’acrotère, etc.).
La copropriété démarre la déclaration préalable de travaux, appuyée par l’installateur ou le maître d’œuvre.
Une fois que la déclaration préalable est acceptée et que les ABF ont validé le projet en cas d’avis conforme, l’installateur va pouvoir poser les panneaux solaires comme cela a été conçu par le bureau d’études.
« L’installateur doit être certifié RGE et doit détenir une garantie décennale. »
Peter Yombo
Une ressource de référence sur le sujet du photovoltaïque
La 1ʳᵉ installation prend plus de temps, car il faut faire le raccordement avec le réseau électrique de la copropriété. Les installations suivantes sont plus rapides.
Selon l’accessibilité au toit de la copropriété, l’installation sera plus ou moins rapide.
« Ce qui prend le plus de temps reste la manutention sur site : il faut acheminer les panneaux jusqu’au toit et ce n’est pas toujours chose aisée. Les panneaux installés aux Paladines mesurent 1,70 m X11 et font environ 20 kg chacun ! ».
Peter Yombo
Lever les freins aux projets de communautés d’énergie électrique en ville et en particulier au sein des copropriétés parisiennes.
Accélérer la transition écologique vers les énergies renouvelables produites localement.