La végétalisation des toitures terrasses nécessite de prendre certaines précautions techniques en amont, telles que la mise en place d’une étanchéité adaptée ou la vérification de la capacité portante de la toiture. Les toitures terrasses sont également exigeantes en aval du projet : après leur réalisation, il faut les entretenir. Cet article technique propose de comprendre les différents enjeux liés à l’entretien des toitures terrasses végétalisées (TTV) et comment ce dernier est réalisé selon le type de projet.
Nous nous sommes entretenus avec M. Christophe Glévéau, Dirigeant de la société Tandem Urbain, qui a réalisé la végétalisation de la toiture de la Résidence Vauvenargues (Paris 18e), ainsi que Mme Molly Avat, Responsable du pôle Entretien de la société Topager.
Un complexe de végétalisation sur une toiture terrasse se doit d’être entretenu car il repose sur un ouvrage d’étanchéité. Cet entretien est inscrit dans des Règles professionnelles qui sont déposées à la Chambre Syndicale Française de l’Etanchéité (CSFE). Celles-ci ont été rédigées conjointement par la CFSE et l’Adivet1. Il faut pouvoir justifier que deux passages au moins ont été faits dans l’année, comme mentionné dans les Règles professionnelles, auquel cas le maître d’ouvrage sera conforme.
La CSFE considère la végétalisation comme une protection lourde de l’étanchéité : son entretien est obligatoire, il peut y avoir des conséquences juridiques lourdes en cas de sinistre. L’assureur demandera toujours si l’entretien de la toiture végétalisée a été fait.
Christophe Glévéau, Tandem Urbain
L’entretien permet, entre autres, de s’assurer qu’il n’y a pas de plantes invasives qui poussent dans le substrat telles que des acacias, des bambous, etc., qui pourraient endommager l’étanchéité du bâti.
Différentes prestations sont ainsi réalisées afin de garantir le maintien d’une étanchéité fonctionnelle et d’un complexe de végétalisation en bonne santé.
L’entretien d’une toiture terrasse végétalisée comprend les prestations suivantes :
C’est pourquoi l’entretien doit être réalisé par des personnes qui connaissent le végétal.
Une toiture terrasse végétalisée s’entretient et se désherbe à la main, il faut bien dissocier ce qui l’enrichit comme la violette cornue, certains petits géraniums, les orchidées, les épilobes… et ce qui est préjudiciable comme les acacias, que l’on va retirer par exemple.
Christophe Glévéau, Tandem Urbain
M. Glévéau nous explique que l’entretien de la toiture terrasse végétalisée se fait essentiellement sur les zones stériles. En effet, le complexe de végétalisation recouvrant l’étanchéité ne permet donc pas de l’atteindre directement. Cependant, la végétalisation joue justement le rôle de protection renforcée du complexe d’étanchéité. Les zones vraiment fragiles sont donc les zones stériles exposées aux aléas climatiques.
Tandem Urbain travaille avec un partenaire étancheur. Les équipes qui réalisent l’entretien ont la capacité de repérer des défauts sur l’étanchéité et peuvent faire une offre pour intervenir avant qu’il n’y ait de sinistre. Il s’agit d’une prestation complémentaire où les équipes peuvent sonder l’étanchéité et savoir s’il y a d’éventuels problèmes.
Sur les toitures dites « extensives » avec un substrat d’une épaisseur inférieure à 10cm, il ne faut pas apporter trop d’eau.
En effet, s’il y a trop d’eau cela apporte une concurrence entre le sédum (plantes grasses fréquemment utilisées sur les toitures extensives) et les graminées par exemple, qui sont friandes de milieux arrosés. Cela peut générer une certaine insatisfaction de la part du maître d’ouvrage sur l’esthétique de sa toiture puisque le sédum originel concurrencé peut être amené à disparaitre.
Les toitures végétalisées à base de sédum ne sont pas forcément irriguées, elles nécessitent moins d’entretien, en général on fait essentiellement du désherbage.
Molly Avat, Topager
M. Glévéau précise qu’en été, sur les toitures extensives, s’il y a un système d’arrivée d’eau, il est possible de programmer un arrosage de temps en temps pour rafraîchir la toiture si besoin. Pour cela, il est nécessaire d’avoir un contrat d’entretien.
Dans le cas des toitures végétalisées semi-intensives (entre 15 et 25cm de substrat) et intensives (au-delà de 25-30cm de substrat), la nature de la prestation est sensiblement la même mais il faut faire plus de passages.
En effet, en raison de la hauteur de substrat plus importante, plus de végétaux poussent avec des strates différentes.
Il est également fréquent d’avoir un réseau d’irrigation sur la toiture. Ce dernier est mis en hivernage à l’automne, et est remis en route à l’arrivée du printemps.
Il est très important de faire cette mise en gel car si l’eau du système gèle en hiver, cela peut provoquer des dégâts importants sur la toiture lorsque l’eau qui a gelé fond au printemps !
Christophe Glévéau, Tandem Urbain
Sur ce type de toitures végétalisées, l’entretien est facilité lorsqu’il est réalisé par l’entreprise qui a conçu et/ou installé le complexe de végétalisation.
Cela est plus facile quand c’est une toiture que Topager a conçu car nous connaissons le système d’irrigation ! Lorsqu’on ne connaît pas le site, il peut être difficile de le trouver.
Molly Avat, Topager
Ainsi, Mme Avat nous confirme que la plupart des sites sur lesquels Topager intervient aujourd’hui sont d’abord passés par le bureau d’études conception, puis par le pôle chantier et enfin par le pôle entretien/suivi.
A l’issue d’une réalisation, il y a un contrat d’un an pour s’assurer que les plantes tiennent la première année.
Molly Avat, Topager
Les interventions seront différentes selon la saison. Les deux passages minimaux annuels se font au printemps et à l’automne.
Il est important de couper ce qui est sec et de l’évacuer pour éviter l’acidification des sols.
Christophe Glévéau, Tandem Urbain
C’est également en automne que les zones stériles sont nettoyées.
Dans le cas des systèmes extensifs, les deux passages annuels décrits ci-dessus suffisent : il faut intervenir à l’automne et au printemps.
Pour une toiture de 400m² il faut environ 1 journée. Au terme de cette intervention, on produit un rapport en images qui montre la toiture terrasse végétalisée avant/après, et qui liste le détail des prestations réalisées.
Christophe Glévéau, Tandem Urbain
Dans le cas des toitures terrasses végétalisées semi-intensives (entre 15-30cm de substrat), quatre passages à l’année sont recommandés d’après M. Glévéau.
Les toitures semi-intensives ont une palette végétale avec plus de plantes différentes, cela demande plus d’entretien.
Molly Avat, Topager
Pour les toitures dites intensives, l’entretien est bien plus fréquent. Il peut aller de 8 à 12 passages par an ! Selon la végétation, cela pourra être plus ou moins fréquent.
Mme Avat nous précise que pour les toitures dites « productives » avec notamment des fruits et légumes, il est nécessaire de passer très régulièrement parce qu’il y a une récolte à faire.
Les toitures maraîchères nécessitent une récolte une fois par semaine. Cela peut durer une demi-journée, voire une journée entière selon la superficie des espaces plantés.
Molly Avat, Topager
Dans le cas des jardins ornementaux qui ne produisent pas de comestibles, cela dépend de la superficie de la toiture mais également de l’esthétique souhaitée. En effet, si on souhaite une esthétique plutôt « sauvage », alors moins d’entretien sera nécessaire.
La plupart des contrats d’entretiens que nous avons avec nos clients comprennent un passage par mois avec deux personnes mobilisées.
Molly Avat, Topager
Evidemment, le coût de l’entretien d’une toiture végétalisée va dépendre du type de végétalisation réalisé mais également de la surface de cette toiture !
M. Glévéau nous indique que pour les toitures extensives, il faut compter environ 1,5 €/m² du passage pour une surface moyenne de 400m². Il y a des frais humains incompressibles donc cela peut être plus cher au m² pour des petites toitures.
Pour les toitures intensives, Mme Avat évoque des contrats à 2 000 € / an pour les toitures les moins intensives. Selon la toiture, cela peut augmenter et atteindre des coûts plus importants.
D’après Mme Avat, les critères qui jouent le plus dans le coût de l’entretien sont les suivants :
CoprOasis
Le dispositif CoprOasis de la Ville de Paris permet aux copropriétés parisiennes de bénéficier d’un accompagnement technique et financier pour la végétalisation de leurs espaces extérieurs, notamment des toitures terrasses.
Il existe des financements pour les études préalables ainsi que pour les travaux. Cela est valable pour tous les types de toitures végétalisées, de l’extensif à l’intensif !
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L’accessibilité aux toitures est une des contraintes principales dans l’entretien de celles-ci.
Il peut être parfois compliqué d’accéder aux toitures parce qu’il faut passer par un appartement par exemple. Cela fait partie des difficultés liées aux accès.
À Paris, on demande qu’il y ait au moins une personne référente qui sache comment accéder à la toiture, qui sache comment accéder au toit, qui possède les clefs des cadenas, etc.
Christophe Glévéau
En termes de sécurité pour les personnes qui interviennent sur la toiture, il faut toujours qu’il y ait au minimum une ligne de vie. Il y a de plus en plus des garde-corps en complément de celles-ci.
Il nous est déjà arrivé de refuser des prestations car la sécurité collective n’était pas garantie, cela est très important.
Christophe Glévéau
L’entretien des toitures végétalisées est donc très important et il ne faut pas le négliger. Cette prestation est généralement proposée par des professionnels de la végétalisation de toitures qui sauront repérer les éventuelles espèces à retirer et contribuer à l’entretien global de l’étanchéité de la toiture afin de la faire durer dans le temps.
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